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vendredi 31 octobre 2014

Les auteurs de SFFFH francophones ont du talent

 
Comme annoncé dans mon dernier message, durant le mois de novembre, je participe à l'opération "les auteurs de SFFFH francophones ont du talent".

Je vous présente donc le premier tome de ma série de fantasy "La Septième Prophétie", "Trois êtres d'exception", dont voici le premier chapitre :

Chapitre 1
 
Le soleil brillait dans le ciel et éclaboussait de sa clarté le château du Commandeur de la province de Seliny, dédiée à la Déesse Lune, renforçant l’ambiance de fête qui y régnait ce jour-là.
Dans la cour, des chariots et des litières étaient rangés contre les murailles, témoignant de la présence de nombreux invités. Un peu plus loin, les escortes de ces derniers discutaient par petits groupes en buvant et en mangeant. Des serviteurs traversaient l’endroit d’un pas pressé, chargés de plats fumants et odorants qu’ils emportaient dans les salles où tous les habitants du château festoyaient. Des marmitons couraient au puits remplir des seaux qu’ils rapportaient à toute allure aux cuisines, perdant dans leur précipitation un peu de leur contenu. Du haut des remparts, les gardes jetaient parfois un coup d’œil envieux à ce qui se passait en contrebas. Mais ils ne pouvaient pas encore participer aux réjouissances, leur rôle exigeait qu’ils restent à leur place pour surveiller les alentours. La menace était forte et leur vigilance essentielle. Ils soupirèrent en regardant le soleil haut dans le ciel : l’heure de la relève n’était pas encore arrivée, ils allaient devoir patienter avant de pouvoir prendre part à la fête et se régaler à leur tour.

Dans la grande salle du château, les conversations se mêlaient à la musique et aux chants des baladins. La vaste pièce était décorée de guirlandes de feuilles et de fleurs blanches entremêlées qui serpentaient le long des murs, répandant leur odeur discrète. Des brassées de lys, de roses et de lilas avaient été jetées au bout des tables pour compléter la décoration. Une soixantaine de convives était réunie pour fêter les fiançailles de Lycos, le fils du Commandeur, avec Laurana, son amour d’enfance. Bien que ces temps troublés ne soient guère propices à de telles réjouissances, Arondas de Seliny, le Commandeur, avait décidé de célébrer dignement cette occasion. C’était un défi de plus lancé aux Saigneurs des Ténèbres, qui semaient la terreur sur le continent d’Ipiros depuis six mois. Arondas était également à l’origine d’une expédition qui allait se mettre en branle quelques jours plus tard pour les combattre. Convaincu que seule une armée de grande envergure réussirait à abattre leurs ennemis, il avait envoyé un message à tous les Commandeurs des provinces d’Ipiros pour les inciter à se joindre à sa croisade. Il leur avait donné rendez-vous quatre jours après les fiançailles dans la plaine de Peziaza, qui serait le point de départ de l’expédition. Pour l’heure, les messagers étaient revenus sans réponse précise quant à ceux qui répondraient à l’appel : presque tous avaient indiqué y réfléchir et, s’ils acceptaient, être au rendez-vous. Arondas avait fulminé devant ces réactions évasives : allaient-ils tous se terrer en attendant d’être attaqués à leur tour ? Il était insensé qu’ils ne veuillent pas se battre alors que le danger les menaçait tous.
Le Commandeur mit sa rancœur de côté pour présider le banquet et parcourut l’assemblée du regard. Tous ses vassaux étaient présents : certains semblaient contents d’être là, d’autres moins, et leur mine renfrognée le montrait clairement. Arondas connaissait la raison de cette rancune : en tant que Commandeur, il leur avait ordonné de participer à l’expédition sans leur laisser le choix, or il savait qu’une partie d’entre eux la désapprouvait et voulait y échapper. Habituellement, il n’était pas homme à abuser de son pouvoir pour forcer ses sujets à lui obéir, mais la situation était trop grave pour tergiverser et il devait agir. Il faudrait une armée nombreuse pour vaincre les Saigneurs des Ténèbres, raison pour laquelle il avait exigé un contingent précis de soldats de la part de tous. Organiser les fiançailles de son fils et convier ses vassaux à cette fête était une façon d’atténuer son abus d’autorité, mais il savait que ça ne suffisait pas. Arondas se tourna vers son voisin, Aros, son vassal le plus fidèle, qui était aussi le père de la fiancée. Ce dernier lança à son Commandeur un regard qu’il comprit aussitôt. Arondas se pencha vers son ami et lui chuchota à l’oreille avec un sourire entendu :
« Cette fête n’est pas du goût de tout le monde, n’est-ce pas Aros ?
— Non, et ils ne s’en cachent pas. Certains te reprochent l’expédition et d’autres désapprouvent le choix de ma fille comme épouse pour Lycos. Ils auraient préféré que tu choisisses la leur, bien sûr ! »
Le Commandeur secoua la tête avant de le corriger :
« Tu sais très bien que c’est Lycos qui l’a choisie, je n’ai fait qu’approuver son choix.
— Tu as laissé parler l’amour plutôt que la politique. D’autres seigneurs sont plus puissants que moi.
— Mais moins fidèles et surtout trop ambitieux à mon goût ! Les introduire dans ma famille aurait renforcé leur arrogance. Il est bon de les remettre à leur place. »
Aros parcourut la salle du regard et fit remarquer en fronçant légèrement les sourcils :
« Je ne vois pas Bronius, comment peut-il te faire l’affront de ne pas être là ?
— Il s’est blessé au cours d’une chasse il y a quelques jours et s’est fait excuser en envoyant un messager avec un présent somptueux pour les futurs mariés. Je l’ai remercié en lui rappelant que s’il ne pouvait participer lui-même à notre croisade, j’attendais tout de même ses soldats au point de ralliement. »
Aros eut un petit rire moqueur :
« J’imagine que cette réponse n’a pas dû lui plaire ?
— Je l’ignore, je n’ai pas encore eu de retour. De toute façon, c’est son intérêt d’obéir : plus notre armée sera nombreuse, plus nos chances de victoire seront grandes. »
Cette réflexion amena une nouvelle question à l’esprit d’Aros :
« Et les autres Commandeurs ? Tu ne sais toujours pas qui viendra ?
— Aldébaran d’Ylios est le seul à avoir accepté tout de suite. Ce garçon n’a beau avoir que vingt-quatre ans, il est le digne fils de son père. Eogan serait fier de lui.
— Tu dis qu’il est le seul ? »
Arondas soupira tandis que la contrariété envahissait son visage :
« Oui, les autres devaient réfléchir. Je ne comprends pas qu’ils hésitent alors que le danger est à nos portes ! Allons-nous attendre qu’ils nous massacrent un par un au lieu de nous battre ensemble pour les écraser une bonne fois pour toute ?
— Ils comptent sur la réalisation de la Septième Prophétie. »
Le Commandeur sentit la colère l’envahir à cette réponse et gronda à voix basse :
« Je n’en peux plus de patienter, et ce n’est pas parce que les six premières se sont réalisées que celle-ci va s’accomplir aussi. Six mois qu’ils ravagent nos provinces et rien ne s’est passé ! Combien d’autres morts y aura-t-il si nous ne faisons rien ? »
Aros tendit les mains devant lui dans un geste d’apaisement :
« Tu as raison, bien sûr, mais les gens ont peur, surtout vu la façon dont ces démons ont brusquement ressurgi alors que nous pensions tous que leurs os blanchissaient sous le soleil du Désert de Feu depuis cinq ans !
— Ça a été notre première erreur : ne pas les poursuivre en pensant qu’ils allaient mourir dans le désert, de faim, de soif ou de fatigue. Je ne sais pas ce qui leur est arrivé là-bas pendant tout ce temps, mais une chose est sûre, ils ont trouvé le moyen de survivre et de gagner la puissance qu’ils ont aujourd’hui. »
Arondas se tut un instant, l’air sombre, puis reprit après un soupir :
« Il est malheureusement trop tard pour avoir des regrets, et ce n’est pas le moment pour ça. Aujourd’hui est jour de fête pour nos enfants, ne le gâchons pas.
— Tu as raison, amusons-nous un peu, il sera temps de penser à la guerre demain. »
Les deux hommes prirent leur coupe et trinquèrent.
Un peu plus loin, Lycos était assis à côté de Laurana, à l’autre place d’honneur du banquet. Les deux jeunes gens avaient grandi ensemble et à leurs jeux d’enfants avaient succédé les premiers émois amoureux, jusqu’au jour où Lycos avait annoncé à ses parents sa volonté d’épouser la jeune fille. À son grand soulagement, son père avait aussitôt accepté, sans tenter de lui imposer une alliance politique avec une épouse qui lui aurait déplu. Le jeune homme aurait donc dû être fou de joie pendant cette fête qui officialisait son amour pour Laurana. Pourtant, la prochaine croisade de son père assombrissait son humeur, car elle planait comme une menace au-dessus de la petite assemblée. Lycos était surtout furieux de la décision de son père de l’exclure de l’expédition, car Arondas lui avait ordonné de rester au château pour veiller à la sécurité des habitants. Le jeune homme savait bien que quelqu’un devait s’en charger, mais il avait espéré que cette mission serait confiée à un autre et qu’il irait se battre avec son père et son futur beau-père. Il avait tenté en vain de protester : le Commandeur lui avait fait valoir qu’un représentant mâle de la famille devait rester sur leurs terres pour les diriger en son absence, et le jeune homme n’avait pu que s’incliner face à ses ordres. Laurana comprit ce qu’il avait sur le cœur : elle se pencha vers lui et essaya de le détendre en lui chuchotant à l’oreille :
« Lycos, mon chéri, tu devrais sourire un peu ou les gens vont finir par penser que tu n’as pas envie de m’épouser ! »
Il sursauta et ne put s’empêcher de rougir légèrement sous la remarque. Il se tourna vers sa dulcinée et lui prit la main en souriant d’un air contrit, répondant sur le même ton :
« Excuse-moi mon amour, tu as raison. C’est jour de fête pour nous deux, je ne dois pas le gâcher. »
Il se pencha vers elle et déposa un tendre baiser sur ses lèvres ; quelques applaudissements vinrent le saluer et les deux tourtereaux s’empourprèrent en souriant. Un musicien se mit à jouer un air entraînant, aussitôt suivi par le reste de l’orchestre. Des jeunes gens se levèrent de table et commencèrent à former une farandole au rythme de la musique : ils passèrent à proximité de la table des fiancés et les entraînèrent avec eux. Lycos admira le sourire éclatant de Laurana tandis qu’elle dansait et il laissa de côté son humeur sombre pour s’amuser avec elle.
De sa place, Arondas suivait des yeux avec bienveillance les danseurs : il était heureux de voir que, pour quelques heures au moins, les Saigneurs des Ténèbres étaient oubliés. Un serviteur déposa devant lui un faisan rôti au fumet succulent ; avec appétit, le Commandeur s’en servit une cuisse dans laquelle il mordit à pleines dents. Un peu de jus coula sur sa barbe, qu’il essuya du revers de la main. Comme lui, Aros dévorait sa viande de bon appétit, avec ses doigts. Leurs épouses, plus raffinées, utilisaient leurs couverts pour déguster leurs mets. Une servante passa remplir les coupes d’un vin rouge épais, sombre comme le sang, au bouquet capiteux. Les deux hommes en burent un peu, savourant son goût puissant dans leur bouche.
Autour d’eux, l’atmosphère se détendait : les boissons et la nourriture aidant, les mines des convives étaient moins renfrognées et tous finissaient par s’amuser. Les musiciens redoublaient d’ardeur pour faire danser les jeunes gens à des rythmes de plus en plus endiablés. Lycos avait pris Laurana dans ses bras pour une ronde effrénée : la jeune fille tournoyait, à bout de souffle, en laissant éclater son bonheur. Elle passa les bras autour du cou de son fiancé pour ne pas tomber, laissant échapper un rire cristallin qui couvrit quelques notes de musique.

La fête battait son plein quand, soudain, Arondas sursauta : au travers du brouhaha de la fête, il venait d’entendre des rumeurs au-dehors et quelques cris. À côté de lui, Aros aussi les avait perçus et il s’était raidi. Le Commandeur fit signe à son ami de ne rien laisser paraître ; d’un geste discret, il appela son intendant et lui ordonna à voix basse d’aller voir ce qui se passait, sans alarmer les convives qui semblaient ne rien avoir remarqué. Arondas leva la tête et croisa le regard de son fils : si son visage était toujours joyeux en apparence, il lut dans ses yeux que, comme lui, le jeune homme avait senti quelque chose.
Quelques minutes de tension s’écoulèrent pour eux : les invités ne s’étaient toujours rendu compte de rien. Arondas et Aros attendaient les nouvelles, nerveux. Le Commandeur sentit la main de son épouse se poser sur la sienne : elle aussi avait conscience de la menace. Il se pencha vers elle et lui murmura à l’oreille :
« Si le danger se confirme, rassemble les femmes et les enfants et réfugiez-vous dans les souterrains.
— Entendu. »
Le cri perçant du cor d’alarme retentit au moment où l’intendant revenait en courant dans la grande salle. Ce son fut aussitôt recouvert par un énorme bruit qui retentit en faisant vibrer tout le château. La musique et les chants s’arrêtèrent net et tous purent entendre l’intendant annoncer au Commandeur d’une voix affolée :
« Les Saigneurs des Ténèbres viennent de surgir de nulle part, ils attaquent le château et sont déjà à la grande porte ! »
La panique s’empara aussitôt des invités : certains se mirent à crier, accusant Arondas de les avoir attirés dans un piège. Les femmes se lamentaient, les enfants pleuraient ou couraient dans tous les sens, affolés par la soudaine agitation. Le Commandeur se leva et tonna d’une voix puissante, pour mettre fin au brouhaha :
« Taisez-vous ! Ça suffit, écoutez-moi ! »
Le silence se fit dans la salle, presque aussitôt brisé par les rumeurs des combats féroces qui se déroulaient au-dehors et les cris sauvages poussés par les assaillants. Arondas reprit en haussant le ton, pour tenter de couvrir les bruits :
« Que les femmes et les enfants se rassemblent autour de mon épouse ! Quant aux hommes, qu’ils viennent se battre avec moi ! »
Le tumulte enflait à l’extérieur de la grande salle et le Commandeur comprit qu’une partie des Saigneurs des Ténèbres avait réussi à forcer le barrage des soldats pour arriver jusqu’à eux. Ses hommes étaient pourtant nombreux et bien entraînés, il ne comprenait pas comment leurs ennemis avaient pu les vaincre si vite. Il se félicita d’avoir gardé son épée avec lui et la tira de son fourreau pour montrer à tous qu’il n’avait pas peur du danger. Lycos prit Laurana dans ses bras et lui donna un rapide baiser, puis l’envoya aider leurs mères à rassembler les plus faibles pour les aider à fuir. Le jeune homme rejoignit son père en courant :
« Que devons-nous faire ?
— Tu vas emmener les femmes dans le souterrain et les protéger.
— Non, je veux me battre avec vous !
— Tu sais bien qu’elles ne pourront pas se défendre seules. Vas-y et ne discute pas, c’est un ordre ! »
Lycos se détourna à regret et rejoignit le petit groupe qui se constituait près d’une fenêtre à l’opposé de l’entrée, pour fuir par le passage secret qui partait de la salle. Au même moment, la porte vola en éclats, projetant au sol les serviteurs qui essayaient de la retenir, et l’enfer se déchaîna. Une vingtaine de soldats vêtus d’armures rouges et noires dégoulinantes de sang, leur épée rougie à la main, surgirent en hurlant et taillèrent en pièces tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin. Les gardes attaquèrent aussitôt, mais leurs armes semblaient rebondir sur l’acier, sans parvenir à l’entamer. Très vite, le combat se révéla inégal et tourna au massacre pour les défenseurs du château. Leurs assaillants s’éparpillèrent dans la salle, livrant passage à deux des leurs. Le premier, de haute taille, portait une armure travaillée au plastron orné d’un dragon menaçant à la gueule grande ouverte, et un heaume surmonté d’une longue queue de loup teintée de sang qui retombait dans son dos. Il tenait à la main droite une épée de taille impressionnante, dont la garde reproduisait le motif de son plastron. L’armure de l’homme qui le suivait était moins décorée, mais dénotait tout de même un rang plus élevé que simple soldat. Un frisson glacé s’empara de tous les convives quand ils comprirent qu’il s’agissait de Ranxor lui-même, le maître des Saigneurs des Ténèbres, et d’un de ses lieutenants. Arondas ne s’y trompa pas : il se précipita aussitôt vers lui pour l’affronter, tandis qu’Aros se lançait dans un combat avec le second homme. Le Commandeur frappa Ranxor en cherchant à atteindre son cou. Ce dernier para aussitôt l’attaque de sa lame trempée de sang, en bloquant l’arme, et laissa éclater un rire mauvais qui résonna de façon métallique derrière la visière abaissée :
« Pauvre fou, espères-tu vraiment pouvoir me vaincre ? Ne sais-tu pas que Vulcor et Aguerra m’ont rendu invincible, ainsi que tous mes soldats ?
— Balivernes, tu n’es qu’un homme et tes dieux démoniaques ne peuvent rien contre la puissance des nôtres !
— Tes dieux seront bientôt réduits en poussière, tout comme ce château et ses habitants d’ici un instant ! »
Dégageant son épée d’un geste si rapide qu’Arondas en perdit l’équilibre, Ranxor en enfonça la lame dans son ventre, le transperçant de part en part. Le Commandeur poussa un cri étranglé ; il aperçut Aros tomber à terre, mortellement touché par son ennemi. Sous la douleur, Arondas lâcha son arme. Ranxor la rattrapa de la main gauche avant qu’elle ne touche le sol et la planta dans la poitrine de son adversaire, lui arrachant un nouveau râle. Il retira en même temps les deux lames et le sang se mit à couler à flots, giclant sur son armure qui sembla s’en gorger. Alors que le Commandeur tombait à genoux et essayait d’arrêter l’hémorragie en pressant ses blessures de façon convulsive, son adversaire croisa les deux épées sur sa gorge et, d’un coup puissant, le décapita net. Le combat était terminé, la croisade d’Arondas de Seliny achevée avant même d’avoir commencé.
Lycos avait assisté impuissant au duel qui s’était déroulé trop rapidement pour qu’il puisse intervenir. Fou de rage, il ordonna à sa mère de fuir, avant de se lancer dans la bataille, droit sur Ranxor. Aveuglé par sa colère, il ne remarqua pas que l’adversaire d’Aros s’interposait. La lame de son épée fusa devant lui et la tête du jeune homme gicla, tranchée net. Emportée par la violence du coup, elle tomba au sol, vers le groupe des femmes, aux pieds de Laurana qui ne put retenir un hurlement d’horreur à cette vision. Son cri attira aussitôt l’attention des Saigneurs des Ténèbres sur elles, car elles n’avaient pas encore atteint l’entrée du passage qui leur aurait permis de fuir, figées par la peur quand leurs ennemis avaient envahi la pièce. Toute retraite leur était désormais impossible et elles n’étaient pas de taille à se défendre contre ces monstres. Ranxor fut sur elles le premier : il enfonça sa lame dans la poitrine de Laurana, qui était la plus proche. Son lieutenant se précipita sur l’épouse d’Arondas et la saisit par la chevelure sans ménagement ; de son autre main, il utilisa son épée pour l’égorger. Le sang jaillit de l’entaille et se répandit sur sa robe blanche, l’imprégnant d’écarlate en quelques secondes. Elle tomba à genoux et, lorsqu’il lâcha ses cheveux, elle s’effondra à terre, agonisant dans la mare de sang qui s’étalait sous elle.
Autour d’eux, les Saigneurs des Ténèbres massacraient sans pitié tous ceux qui essayaient de leur échapper. Ils soulevaient les nappes pour débusquer les serviteurs dissimulés sous les tables et les tiraient sans ménagement pour leur faire partager le sort de leurs maîtres. Des convives tentèrent de se cacher derrière les tapisseries pendues au mur, mais leur présence était visible et les soldats les transpercèrent de leurs épées au travers du tissu qui se teinta de leur sang. Partout dans la salle, mais aussi dans les couloirs et dans la cour, les râles d’agonie des occupants du château se mêlaient aux cris bestiaux des Saigneurs des Ténèbres qui décimaient systématiquement tous ceux qu’ils trouvaient. Ils les traquaient sans pitié, parcourant toutes les pièces pour en déloger les derniers survivants. Certains soldats bloquaient les issues pour empêcher toute fuite. Les ordres de leur maître avaient été clairs : nul ne devait en réchapper, tous devaient mourir pour en faire un exemple et décourager à jamais toute velléité de résistance.
Peu à peu, la rumeur diminua et le silence retomba sur les lieux. Partout régnait le même spectacle de mort et de désolation, les cadavres démantelés, mutilés, baignant dans des mares de sang.
Dans la grande salle, Ranxor se tourna vers l’homme qui ne l’avait pas quitté de toute l’attaque :
« Alors Romaric, est-ce qu’ils sont bien tous morts ? »
Ce dernier releva la visière de son heaume et interrogea quelques soldats qui venaient d’arriver. Il confirma à son chef avec un sourire satisfait :
« Oui, tous jusqu’au dernier, personne n’y a échappé, comme tu l’avais ordonné ! »
Ranxor brandit les deux épées en l’air et proclama d’une voix forte :
« Voilà le sort qui attend tous ceux qui oseront se dresser contre nous ! La mort et la destruction totale ! »
Il baissa brusquement sa main gauche dans un geste plein de hargne et la lame de l’épée d’Arondas se brisa net sur le sol de pierre. Il rengaina la sienne, se pencha et ramassa les têtes du Commandeur et de son fils pour les lancer à un soldat en ordonnant :
« Va les planter sur des piques au bord de la route, je veux que tout le monde les voit ! »
Il continua par d’autres instructions à l’attention de ses hommes :
« Pillez cet endroit, emportez tout ce que vous pourrez, et prenez aussi les chariots et les chevaux ! Ensuite, brûlez tout ! »
Les soldats présents dans la salle se jetèrent sur les cadavres pour les dépouiller de leurs bijoux et de leurs bourses, avant de sortir les bras chargés de leur butin. Dans les couloirs, ils entraient et sortaient des chambres, emportant des coffres de vêtements, des armes et des provisions volées dans les réserves. Ils en chargèrent les chariots et commencèrent à les sortir de la cour, pendant que d’autres hommes déposaient des sacs de poudre au pied des murailles et dans le château.
Ranxor était resté en retrait, seul avec Romaric dans la salle du banquet. Il saisit une torche enflammée fichée dans un des supports du mur et s’approcha des tables. À cet instant, une jeune femme aux longs cheveux noirs entra dans la pièce : elle était couverte de sang de la tête aux pieds, comme si elle s’était roulée au milieu des corps, et tenait à la main un long couteau dont elle semblait s’être servie abondamment. Ranxor se tourna vers elle :
« Alors Venin, Aguerra est satisfaite ?
— Oui, elle a reçu de nombreux tributs. Vulcor attend les siens maintenant !
— Il va les avoir, nous allons tout brûler, je vais m’en charger moi-même ! »
Il commença par enflammer les nappes, puis les tapisseries, avant de s’approcher des cadavres pour les immoler à leur tour. Il sortit de la pièce avec Romaric et Venin qui s’étaient eux aussi saisis de torches et embrasaient tout, notamment les mèches des sacs de poudre, avant de fuir.
Des explosions commencèrent à secouer les murs tandis que les Saigneurs des Ténèbres quittaient l’endroit avec leur butin. Alors que la colonne s’éloignait, les murailles s’effondraient peu à peu, sapées, ensevelissant sous leurs pierres les corps des victimes du massacre.
Quand l’incendie qui ravageait les lieux se calma de lui-même, de longues heures plus tard, le fier château n’était plus qu’un tas de ruines fumantes. Un peu plus loin, sur la route qui y menait, deux têtes ensanglantées étaient plantées sur des lances fichées dans le sol, comme un avertissement muet. Des nuées de corbeaux se mirent à tournoyer dans le ciel, attendant que la température baisse pour pouvoir se délecter des cadavres calcinés.
Des villages environnants, des hommes terrorisés vinrent constater l’étendue du désastre, et la nouvelle de la destruction se propagea à toute allure dans la province, avant de gagner les provinces voisines. Tous ceux qui avaient envisagé de se joindre à la croisade du Commandeur y renoncèrent aussitôt : les Saigneurs des Ténèbres n’étaient plus humains, personne ne pourrait les vaincre, hormis les trois êtres d’exception de la Septième Prophétie, que les gens surnommaient déjà les Sauveurs. Il ne restait plus qu’à prier pour que cette dernière s’accomplisse au plus vite.


Pour découvrir la suite, retrouvez le roman sur Amazon :  


Et comme je vous l'annonçais il y a quelques jours, le tome 2 "Ranxor" est sorti ce matin, vous pouvez le retrouver également sur Amazon :  


Bonne lecture !

mercredi 15 octobre 2014

La Septième Prophétie - Tome 2 - Ranxor : quatrième de couverture

Bonsoir à tous,

Le travail continue sur le tome 2, les dernières relectures pour la mise en forme et les corrections orthographe - grammaire sont en cours, ainsi que les derniers ajustements suite aux retours de mes bêta-lectrices.

Pas de date de publication définie encore, d'ici là, je vous propose de découvrir le quatrième de couverture :

 
L'Égale, Orlanne, Aldébaran et leurs compagnons sont parvenus aux portes du Désert de Feu, où se dresse la cité des Saigneurs des Ténèbres. Alors qu'ils s'attendaient à la trouver en construction, ils découvrent une forteresse imprenable, entourée de hautes murailles, au cœur d'une forêt.
Rapidement capturés, les jeunes gens se retrouvent enfermés dans la ville.
Séparée de ses amis, L'Égale doit faire face à Ranxor, piégée au centre d'une toile d'araignée mortelle où le danger est partout.
Arelle se retrouve isolée, loin du soutien de ses compagnons, sous la garde de Gwenda, la guérisseuse de la cité. Des rêves étranges viennent hanter la jeune fille qui se demande pourquoi la Grande Prêtresse de la Déesse Lune l'a confiée à l'Égale.
Orlanne, Aldébaran, Cyrius et Edern, torturés, puis réduits en esclavage, retrouvent Aldric sur le chantier, où ils subissent les brimades de leurs ennemis. Face à la violence de ces derniers et à la résignation des prisonniers, qui attendent la réalisation de la Septième Prophétie, la possibilité d'une révolte semble de plus en plus improbable et leur situation paraît désespérée.
Pourtant, dans les deux camps, la grogne monte, les jeux de pouvoir, dans l'ombre, se mettent en place et l'affrontement devient peu à peu inéluctable.
Qui, des Saigneurs des Ténèbres ou de leurs prisonniers, l'emportera ?


Prochainement, je participerai à l'opération lancée par "L'invasion des Grenouilles" : "les auteurs de SFFFH ont du talent" 
Plus d'informations ici : 
https://www.facebook.com/events/552046871589306/

Vous pourrez découvrir, ici, dès le 1er novembre, le premier chapitre du tome 1 de la Septième Prophétie - Trois êtres d'exception.

A bientôt.
 

lundi 6 octobre 2014

La Septième Prophétie - Tome 2 - Ranxor

Bonsoir,

Quelques nouvelles d'une revenante, j'ai été très occupée par l'écriture et les corrections du tome 2 de la Septième Prophétie ces derniers mois, mais je touche au but.

La dernière grande réécriture a pris fin hier, il ne me reste plus qu'à laisser reposer un peu (comme une bonne pâte à gâteau) et à reprendre le texte dans quelques jours pour la mise en page et les corrections orthographiques, et les derniers arrangements, et j'espère pouvoir le publier fin octobre.

D'ici là, pour vous faire patienter, un petit extrait d'un de mes passages préférés :

Le visage de Venin grimaça de mépris à ce nom :
« Cette misérable petite larve… Il faut nous en débarrasser aussi ! »
Romaric secoua la tête en se retenant de la gifler, exaspéré par un tel entêtement :
« Arrête de vouloir tuer tout le monde et réfléchis un peu ! Depuis hier matin, Ranxor sait que tu veux la mort de l’Égale : si quelque chose lui arrive, à elle ou à ses compagnons, il en déduira que c’est toi et te punira. »

Et pour conclure, en avant-première, la couverture du tome 2, réalisée comme la première par Martine Fa (merci à elle pour ce travail magnifique) 

 

vendredi 13 septembre 2013

Tome 1 de la Septième Prophétie : et de 100

Bonjour à tous,

Voilà, le seuil de 100 ventes du tome 1 de La Septième Prophétie vient d'être atteint en moins de deux mois, merci à tous ceux qui l'ont acheté, en espérant que la lecture vous aura plu.

Pour fêter cela, il sera en promotion à 0,99 € ce week-end, samedi et dimanche, afin que ceux qui ne l'ont pas encore acheté puissent en profiter.

Et promis, j'avance sur le tome 2, pour l'instant 16 chapitres fini, le 17 en cours d'avancement, j'ai un peu modifié le plan, mais je suis sur les rails et j'ai retrouvé de l'inspiration, le travail continue.

Bon week-end à tous. 


dimanche 11 août 2013

Ecriture et corrections


Tous les auteurs vous le diront, avec la page blanche, leur pire ennemi est la procrastination, et rien n’incite plus à procrastiner que d’être chez soi, où il y aura toujours d’autres choses à faire ou des distractions bien tentantes (les accros à Internet me comprendront !).

Donc, ma méthode la plus efficace pour être sûre de ne pas céder à la tentation de faire autre chose que d’écrire ou corriger mon texte, c’est d’aller travailler dans un endroit où je serai obligée de m’y mettre, puisqu’il n’y aura ni Internet, ni télévision ou quoi que ce soit d’autre pour me distraire !
Et pour ça, j’ai quelques endroits de prédilection où je sais que je serai tranquille pour avancer sur mes textes, une salle de bibliothèque ou les cafés de mes musées préférés, où je peux en même temps boire un verre ou savourer une douceur (il faut bien du carburant pour écrire, l’inspiration ne suffit pas).

Et si vous vous demandez à quoi peut ressembler le brouillon d’un écrivain qui retravaille des chapitres déjà écrits (j’avais avancé environ les deux tiers du tome 2 avant de publier le tome 1 de « La Septième Prophétie », maintenant je suis en train de les réécrire pour coller aux dernières modifications apportées au tome 1), en voilà un exemple (vous constaterez que le rouge est ma couleur préférée) :




Comme quoi un texte n’est jamais figé, à chaque fois que je repasse sur une page, j’ai envie d’y apporter des modifications (là j’avoue, sur cette page-là, j’ai fait assez fort quand même…)
Et encore, je pense que quand j’y repasserai à ma prochaine relecture, elle aura droit à de nouvelles corrections !

Résultat final dans quelques mois !

Sous les remparts




Une fois de plus, Rhodes m'a servi de source d'inspiration pour un autre décor du roman, le souterrain où Heta rencontre ses compagnons d'esclavage pour discuter loin des oreilles indiscrètes.

J'ai découvert ces tunnels en me promenant dans les fossés qui entourent la vieille ville de Rhodes, qui m'ont semblé très adaptés à Ranxora. 
Pour passer des fossés à la ville, on traverse ces tunnels creusés au pied des remparts, la plupart du temps peu éclairés, une sensation parfois étrange et excitante, qui m'a semblé très adaptée pour mes personnages.

La physionomie de Ranxora a d'ailleurs changé au cours de ce voyage, les fossés intérieurs ont été rajoutés à ce moment-là, quand ceux de Rhodes m'ont donné le bon exemple d'une ville fortifiée pour résister à l'envahisseur.

D'autres photos des fossés prochainement.


Quelques photos des tunnels prises au cours de mes promenades là-bas :












L’extrait où Heta découvre leur existence :

Cette nuit-là, Heta s’allongea sur sa couche, feignant de dormir, fermement décidée à saisir sa chance, et guetta la direction où ils avaient disparu la veille. Bientôt, le même manège recommença et elle les vit s’évanouir hors de sa vue. Le cœur battant, elle se leva à toute vitesse, sans faire de bruit, et traversa le baraquement aussi discrètement que possible jusqu’à l’endroit où ils avaient disparu. Elle toucha doucement le mur et découvrit qu’un morceau de tissu le recouvrait ; elle le souleva et mit à jour une petite ouverture, suffisamment large pour qu’elle puisse y passer. Sans réfléchir, elle s’y engouffra et se retrouva dans un étroit passage entre la muraille et le baraquement. Elle aperçut à la lumière voilée de la Déesse Lune les deux silhouettes longer les remparts, avant de disparaître soudain à gauche, comme par magie. Heta attendit quelques secondes, le pouls battant à toute vitesse, se demandant ce qu’elle devait faire. Juste après, surmontant son hésitation, elle se lança à leur poursuite. Elle jeta un regard craintif vers le haut des remparts, où patrouillaient quelques sentinelles isolées. Elle s’aplatit contre le mur et s’efforça d’avancer rapidement sans se faire voir, en tâtonnant le long de la muraille pour trouver l’endroit où les deux hommes avaient disparu. Soudain, sa main ne rencontra que du vide et Heta s’y glissa, découvrant un tunnel qui s’enfonçait sous les remparts ; elle se demanda où il menait car l’obscurité y régnait. Elle avait à peine fait quelques pas qu’elle se retrouva violemment agrippée, tandis qu’une main lui bâillonnait la bouche et qu’on l’entraînait plus profondément dans le passage. Un instant tentée de résister, elle pensa qu’il valait mieux se montrer docile le temps de pouvoir s’expliquer. Au bout de quelques mètres, Heta se retrouva assise de force sur le sol, appuyée contre la muraille ; celui qui l’avait amenée là gardait sa main sur sa bouche, pour l’empêcher de crier. Elle sentit un souffle chaud dans son cou qui lui donna la chair de poule, avant qu’une voix masculine grondante, dans laquelle pointait une menace, murmure à son oreille :
« Je vais retirer ma main. Si tu essaies de crier, ce sera la dernière chose que tu feras avant de mourir. Tu m’as compris ? »

dimanche 4 août 2013

Le Temple de la Déesse Lune



Voici un autre lieu visité à Rhodes qui m’a inspiré un des décors de la Septième Prophétie, le Temple de la Déesse Lune.
Il s’agit du monastère de Filerimos, construit en haut d’une colline, avec une très belle vue sur les environs.

J’ai d’ailleurs écrit la scène où Orlanne s’y repose et l’observe sur le site, assise à l’ombre au pied d’un escalier pendant une heure.

Quelques photos de Filerimos pour vous montrer le modèle :








Et l’extrait où on le découvre au travers du regard d’Orlanne :

Le soir n’était pas encore tombé et Orlanne n’avait pas envie de s’enfermer dans l’auberge tout de suite. Elle s’assit sur un banc dans un coin de la cour et observa les lieux autour d’elle, ce qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de faire. Elle songea qu’à première vue, l’endroit ressemblait plus à une forteresse qu’à un temple. De chaque côté de la grande porte d’entrée, deux tours carrées portant le blason de la Déesse se dressaient. Au sommet, des arcades ouvertes, surmontées d’un dôme de tuiles rouges, permettaient de guetter les alentours. La surveillance était assurée par les Vigilantes, d’anciennes novices qui avaient renoncé à devenir prêtresses, mais restaient au Temple pour en être les gardiennes. De chaque tour partait un rempart qui encerclait toute la cour et rejoignait deux autres tours carrées. Celles-ci encadraient un pont de bois fortifié qui enjambait un fossé et menait à la seconde partie du Temple, réservée aux prêtresses : des murailles de pierre blanche cachaient ses bâtiments où la plupart des pèlerins ne pénétraient jamais. Une lourde porte de bois recouverte de plaques d’argent en gardait l’accès. Des Vigilantes, postées à chaque extrémité du pont, en filtraient l’entrée : seules les prêtresses et quelques novices obtenaient l’autorisation de traverser et d’emprunter la petite porte latérale qui permettait d’y pénétrer. Orlanne songea qu’elle ne verrait probablement jamais ce qui se cachait derrière ces murailles. Elle reporta son attention sur la cour où elle se trouvait. Quelques arbres, ici et là, donnaient un peu d’ombre quand le soleil était au zénith, et des bancs circulaires autour de leur tronc accueillaient ceux qui voulaient en profiter. Tout autour de la place, les bâtiments à un étage étaient édifiés sur le même plan. Au rez-de-chaussée, des arcades surmontées d’un auvent de tuiles rouges donnaient sur le couloir d’accès aux différents édifices. À l’étage, un peu en retrait, se trouvait une seconde série d’arcades qui menaient à d’autres pièces. Tous les bâtiments n’avaient pas la même fonction : il y avait l’hospice où elle avait passé la nuit, deux temples, mais aussi des ateliers et même une forge, car tout ce que portaient les prêtresses et les Vigilantes, des vêtements aux armes, était fabriqué ici. Un entrepôt abritait les réserves. Enfin, près de l’accès à la partie interdite, se dressait un bâtiment plus imposant, de forme rectangulaire, avec deux arcades au rez-de-chaussée. Un escalier extérieur menait à un palier couvert. Quelques fenêtres entourées de frises sculptées et ornées de vitraux blancs et argent perçaient ses murs. Sur l’auvent, une structure crénelée abritait une cloche entourée d’oriflammes aux couleurs de la Déesse, blanc et argent. Orlanne supposa que cet édifice abritait l’administration des lieux.
La jeune femme se levait pour rentrer quand elle remarqua un passage entre deux bâtiments. Curieuse, elle y dirigea ses pas et franchit une grille ouvragée qui était ouverte, découvrant un cloître adossé à la muraille. Au centre de l’espace pavé de galets qui formaient une mosaïque, une petite fontaine permettait de se rafraîchir. Dans les quatre angles de la cour, des arbustes aux fleurs violettes grimpaient de gros pots de terre cuite et enlaçaient les piliers de leurs branches. Des bancs disposés le long des murets invitaient les visiteurs à profiter du calme. Orlanne n’y résista pas et s’assit sur l’un d’eux, s’appuyant contre la colonne derrière elle. L’endroit était désert et rien ne venait en troubler la paix. La jeune femme, qui avait l’habitude au manoir d’être toujours occupée, de passer ses journées à s’entraîner, chasser ou chevaucher aux alentours avec Alban, se surprit à apprécier ce moment de sérénité. Elle ferma les yeux en respirant profondément : le parfum des fleurs se mêlait à celui de l’encens qui brûlait dans le temple voisin, et ces odeurs renforçaient l’impression de plénitude qu’elle ressentait. Elle resta ainsi un long moment, regrettant de ne pouvoir partager avec Alban ce lieu si enchanteur. Elle se promit de le lui décrire à son retour, pour lui faire partager son voyage.

jeudi 1 août 2013

Visite chez Orlanne


Lors de mon séjour à Rhodes l'année dernière, la visite de l'Hospice Sainte Catherine m'a directement inspiré la décoration du manoir d'Ornan de Flavy, et j'ai eu l'impression de me promener à l'intérieur de mon roman... 
Je m'attendais presque à voir Orlanne et Alban passer l'une des portes pour venir m'accueillir !

Quelques photos pour vous mettre dans l'ambiance :







 




Et pour terminer, un extrait du chapitre où apparaît l'endroit :

 

La douleur et la peur… Ces deux sensations firent ouvrir les yeux à Orlanne, qui se demanda où elle se trouvait. Elle était allongée par terre et avait mal à la tête ; elle toucha son front mouillé et le frotta légèrement, grimaçant quand ses doigts rencontrèrent la plaie d’où s’écoulait un liquide poisseux. La jeune femme baissa sa main et réalisa avec horreur qu’elle était couverte de sang. Elle parcourut l’endroit du regard, tandis que la panique s’emparait d’elle et accélérait les battements de son cœur. Elle reconnut la grande salle pavée de mosaïques, aux fenêtres basses encadrées de bancs de pierre : elle était chez elle, dans la maison d’Ornan. Elle examina les environs en s’asseyant maladroitement, s’efforçant de ne pas aggraver sa blessure, et remarqua de longues traces rouges sur le sol, tandis que des cris parvenaient à ses oreilles bourdonnantes. Orlanne arracha son écharpe et en fit une compresse pour arrêter le saignement. Elle se releva en titubant, suivant les traînées de sang jusqu’à sa chambre, et poussa un cri en arrivant sur le seuil : le baldaquin de son lit avait été arraché et s’était effondré sur les carreaux de faïence du sol. Empêtré au milieu du tissu, lardé de coups, le corps sans vie de leur intendante fixait le plafond de ses yeux vitreux, tandis qu’une mare de sang s’étalait autour d’elle. Orlanne s’appuya contre le chambranle de la porte et se mit à trembler violemment. Laissant tomber au sol son pansement improvisé, elle pressa ses deux mains sur son visage ensanglanté en étouffant un sanglot. Elle pensa alors à son père et à son fiancé, trouvant dans son désespoir croissant l’énergie nécessaire pour partir à leur recherche. La jeune femme traversa la grande salle d’un pas inégal, s’appuyant contre les murs pour ne pas tomber, en laissant l’empreinte écarlate de ses paumes sur la pierre blanche. Elle parvint aux arcades du palier du premier étage et descendit l’escalier qui menait à la cour intérieure en s’accrochant à la rambarde. Le bruit augmentait au fur et à mesure qu’elle avançait, couvrant le bourdonnement de ses oreilles : Orlanne entendait des cris qui se mêlaient au fracas des armes. Elle sentit l’odeur du sang tandis qu’elle découvrait, écœurée, les cadavres qui jonchaient l’entrée de la cour. La jeune femme descendait les dernières marches quand une explosion retentit derrière elle : elle dégringola au bas de l’escalier, projetée par la violence d’un souffle brûlant, et son visage heurta brutalement le sol tandis que son corps s’embrasait. Le choc lui fit perdre connaissance et elle sombra dans les ténèbres.
 

mardi 30 juillet 2013

Petit sondage

Ce soir, une petite question pour mes lecteurs : parmi les personnages de La Septième Prophétie, quels sont vos préférés ? (et accessoirement, pourquoi ?)

Personnellement, j'ai mes "chouchous", et je suis curieuse de savoir si les lecteurs ont les mêmes ou non.

A vos claviers ;)

lundi 29 juillet 2013

Merci à Martine FA pour la magnifique couverture qu'elle m'a réalisée, qui résume en une image l'essence du roman, ainsi que pour son article sur son blog :

http://www.martinefa.com/

Je vous invite vivement à aller y découvrir son travail.

vendredi 26 juillet 2013

La Septième Prophétie - Tome 1 - Trois êtres d'exception


Couverture originale de Martine FA


Quatrième de couverture :


Sept prophéties ont été énoncées : six se sont réalisées et la septième, la plus obscure, prend tout son sens quand une bande d’esclaves révoltés ressurgit du désert où tout le monde les croyait morts depuis cinq ans. Sous le nom de Saigneurs des Ténèbres, Ranxor et ses hommes sèment la mort et la terreur dans toutes les provinces du continent d’Ipiros, et rien ni personne ne semble pouvoir les arrêter.
Malgré la peur, ici et là, quelques personnes décident d’agir à leur façon, Aldébaran, le Commandeur d’une des plus grandes provinces, Orlanne, une jeune noble, et l’Égale, une mystérieuse jeune femme accompagnée de quelques amis. Sur les routes ou par les fleuves, tous convergent vers le même but, retrouver Ranxor et le tuer.
Au cœur même de Ranxora, la cité des Saigneurs des Ténèbres, Gwenda, Martus et Heta, prisonniers, tentent de garder espoir et de trouver le moyen de se libérer enfin du joug de leurs ennemis.
Ranxor a entendu parler de l’Égale, qui prêche ouvertement la révolte contre lui et ses hommes. Curieux de découvrir qui elle est, il ordonne de la capturer, alors que Venin, sa sœur, essaie de le convaincre de la nécessité de la tuer.
Qui ressortira vainqueur des affrontements qui s’annoncent ? 


Extrait : 


Le tumulte enflait à l’extérieur de la grande salle et le Commandeur comprit qu’une partie des Saigneurs des Ténèbres avait réussi à forcer le barrage des soldats pour arriver jusqu’à eux. Ses hommes étaient pourtant nombreux et bien entraînés, il ne comprenait pas comment leurs ennemis avaient pu les vaincre si vite. Il se félicita d’avoir gardé son épée avec lui et la tira de son fourreau pour montrer à tous qu’il n’avait pas peur du danger. Lycos prit Laurana dans ses bras et lui donna un rapide baiser, puis l’envoya aider leurs mères à rassembler les plus faibles pour les aider à fuir. Le jeune homme rejoignit son père en courant :
« Que devons-nous faire ?
— Tu vas emmener les femmes dans le souterrain et les protéger.
— Non, je veux me battre avec vous !
— Tu sais bien qu’elles ne pourront pas se défendre seules. Vas-y et ne discute pas, c’est un ordre ! »
Lycos se détourna à regret et rejoignit le petit groupe qui se constituait près d’une fenêtre à l’opposé de l’entrée, pour fuir par le passage secret qui partait de la salle. Au même moment, la porte vola en éclats, projetant au sol les serviteurs qui essayaient de la retenir, et l’enfer se déchaîna. Une vingtaine de soldats vêtus d’armures rouges et noires dégoulinantes de sang, leur épée rougie à la main, surgirent en hurlant et taillèrent en pièces tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin. Les gardes attaquèrent aussitôt, mais leurs armes semblaient rebondir sur l’acier, sans parvenir à l’entamer. Très vite, le combat se révéla inégal et tourna au massacre pour les défenseurs du château. Leurs assaillants s’éparpillèrent dans la salle, livrant passage à deux des leurs. Le premier, de haute taille, portait une armure travaillée au plastron orné d’un dragon menaçant à la gueule grande ouverte, et un heaume surmonté d’une longue queue de loup teintée de sang qui retombait dans son dos. Il tenait à la main droite une épée de taille impressionnante, dont la garde reproduisait le motif de son plastron. L’armure de l’homme qui le suivait était moins décorée, mais dénotait tout de même un rang plus élevé que simple soldat. Un frisson glacé s’empara de tous les convives quand ils comprirent qu’il s’agissait de Ranxor lui-même, le maître des Saigneurs des Ténèbres, et d’un de ses lieutenants. Arondas ne s’y trompa pas : il se précipita aussitôt vers lui pour l’affronter, tandis qu’Aros se lançait dans un combat avec le second homme. Le Commandeur frappa Ranxor en cherchant à atteindre son cou. Ce dernier para aussitôt l’attaque de sa lame trempée de sang, en bloquant l’arme, et laissa éclater un rire mauvais qui résonna de façon métallique derrière la visière abaissée :
« Pauvre fou, espères-tu vraiment pouvoir me vaincre ? Ne sais-tu pas que Vulcor et Aguerra m’ont rendu invincible, ainsi que tous mes soldats ?
— Balivernes, tu n’es qu’un homme et tes dieux démoniaques ne peuvent rien contre la puissance des nôtres !
— Tes dieux seront bientôt réduits en poussière, tout comme ce château et ses habitants d’ici un instant ! »
Dégageant son épée d’un geste si rapide qu’Arondas en perdit l’équilibre, Ranxor en enfonça la lame dans son ventre, le transperçant de part en part. Le Commandeur poussa un cri étranglé ; il aperçut Aros tomber à terre, mortellement touché par son ennemi. Sous la douleur, Arondas lâcha son arme. Ranxor la rattrapa de la main gauche avant qu’elle ne touche le sol et la planta dans la poitrine de son adversaire, lui arrachant un nouveau râle. Il retira en même temps les deux lames et le sang se mit à couler à flots, giclant sur son armure qui sembla s’en gorger. Alors que le Commandeur tombait à genoux et essayait d’arrêter l’hémorragie en pressant ses blessures de façon convulsive, son adversaire croisa les deux épées sur sa gorge et, d’un coup puissant, le décapita net. Le combat était terminé, la croisade d’Arondas de Seliny achevée avant même d’avoir commencé.