jeudi 19 décembre 2013

Retour d'une revenante !


Bonsoir,

Non, je ne me suis pas perdue dans les méandres du NaNoWriMo, j’ai survécu à ce défi d’écriture, avec un premier jet d’un roman d’un peu plus de 52 000 mots écrit en quelques semaines, une idée qui me trottait dans la tête depuis une dizaine d’années au moins et que j’ai enfin réussi à concrétiser. Il ne me restera plus qu’à le retravailler maintenant !
Le bilan que je tire de cette expérience, c’est que je peux me forcer à écrire un certain nombre de mots par jour, et m’obliger également à avancer dans l’écriture sans revenir sur ce que j’ai écrit (ce que j’ai plus de mal à faire depuis quelques années, où je peux corriger et réécrire plusieurs fois le même texte !).
Ce qui m’a permis aussi de tenir ce rythme, c’est l’émulation qui s’est créée en relevant le défi à plusieurs, avec des amis écrivains et des membres de mon forum d’écriture : nous faisions monter les compteurs de mots ensemble, en nous remontant mutuellement le moral quand il y avait des baisses de régime. Encore merci à toutes et tous pour cette formidable aventure vécue ensemble !
Du coup, je sais déjà ce que je ferai l’année prochaine au mois de novembre !

Par contre, j’ai sans doute l’effet boomerang de cette période d’intense écriture, j’ai un peu plus de mal à me remettre au tome 2 de la Septième Prophétie, même si j’ai pu avancer ces dernières semaines, puisque j’en suis à 32 chapitres, pour un peu plus de 440 pages de traitement de texte (oui, le tome 2 sera plus épais que le tome 1, car il me reste au moins 10 chapitres à réécrire, sinon plus)
Promis, je ne lâche rien !

Enfin, pour terminer, puisque nous ne sommes plus qu’à quelques jours de Noël, le tome 1 de la Septième Prophétie sera à prix spécial du 20 au 25 décembre, n’hésitez pas à en profiter !

A bientôt, et bonnes fêtes de fin d’année à tous !



dimanche 20 octobre 2013

Quelques nouvelles

Bonsoir à tous,


Désolée de ne pas avoir eu le temps de revenir ici plus tôt, je suis assez prise en ce moment avec l'écriture du tome 2 que je m'efforce d'avancer aussi vite que possible pour ne pas laisser les lecteurs trop dans l'attente.

Promis, j'avance bien, déjà 27 chapitres et 357 pages de traitement de texte, environ deux tiers du roman écrit, je me dépêche de continuer.

Sur d'autres projets d'écriture, je me lance en novembre dans un défi un peu fou, le NaNoWriMo (je ne suis pas la seule, au moment où je tape ces mots, il y a déjà plus de 117 000 inscrits dans le monde entier).
Pour ceux qui ne connaissent pas le NaNoWriMo, il s'agit d'écrire un roman d'au moins 50 000 mots en débutant le 1er novembre à minuit et en le terminant au plus tard le 30 novembre... 
Je me demande si j'en serai capable, la seule façon de le savoir, c'est de le faire... 
Réponse le 30 novembre, donc, et à cette occasion, je vais enfin me lancer dans l'écriture d'un roman qui me trotte dans la tête depuis une dizaine d'années au moins, et dans lequel réapparaîtra une de mes premières héroïnes, Ambre de Clercy, qui fera partie des personnages secondaires du roman.
Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur le NaNoWriMo, c'est par ici : 

Et pour terminer cet article sur une note colorée (et ensoleillée, en ce moment, c'est nécessaire), voici quelques photos des fossés et remparts de Rhodes, une de mes sources d'inspiration pour l'architecture de la ville de Ranxora.




A bientôt.

vendredi 20 septembre 2013

Nouvelle : "Rome"

Une autre nouvelle, écrite également pour un concours de mon forum d'écriture sur le thème "un sentiment fort dans le milieu du cirque".

Cette nouvelle a pour héroïne Abigaelle, un de mes personnages qui devrait revenir dans d'autres récits.

Bonne lecture.



Rome

J’avançais dans les rues pleines de monde, sur les traces de Philippus, tenant un morceau de sa toge de la main droite pour ne pas le perdre. Tout en marchant, je ne cessais de jeter des regards furtifs tout autour de moi : mais où que se portent mes yeux, je ne voyais que de la pierre et des bâtiments à perte de vue. Où étaient donc les forêts verdoyantes de ma Gaule natale, celles où je pouvais courir en toute liberté en inspirant à pleins poumons ? Ici, tout m’étouffait, j’avais du mal à respirer.
Je soupirai et reportai mon attention sur Philippus qui, devinant sans doute l’appréhension qui me saisissait, me prit par l’épaule pour m’amener à ses côtés, me protégeant de sa haute silhouette.
Autour de nous, la foule se faisait de plus en plus dense, comme un monstre sur le point de m’avaler ; je commençais à sentir la panique monter en moi, comme si j’étais prise au piège. Je voulais sortir de là, mais je ne pouvais pas, je ne pouvais que suivre le mouvement, coincée au milieu de cette marée humaine, et malgré moi, je me mis à trembler légèrement.
Devant nous se dressait un édifice massif vers lequel convergeait la masse. Des gens arrivaient de toutes les rues environnantes, et envahissaient l’avenue sur laquelle nous avancions.

 Je me souvins de ce que m’avait dit mon protecteur quand il m’avait ordonné de passer ma plus belle robe :
« Je t’emmène au cirque voir les jeux. »
Je n’avais pu m’empêcher de lui demander, dans mon ignorance de petite Gauloise à peine débarquée à Rome :
« Qu’est-ce que c’est ?
— Tu le découvriras par toi-même, dépêche-toi de t’habiller. »
Notre servante m’avait aidée à passer la robe ; elle ne m’en avait guère dit plus, malgré mes questions, mais j’avais vu qu’elle semblait toute excitée à la perspective de ce que nous allions voir, et je m’étais dit que ce seraient sûrement des réjouissances.

Mais à mesure que nous approchions de l’endroit, je regrettais d’être venue. Je n’avais pas encore l’habitude des grandes foules, ni de la ville d’ailleurs. J’étouffais au milieu de ces monstres de pierre qui semblaient prêts à m’engloutir, plus particulièrement celui vers lequel nous avancions tous. Je voyais les gens s’engouffrer sous ses arcades et disparaître dans l’obscurité, comme avalés par le vide. Je sentis mon cœur s’accélérer tandis qu’arrivait notre tour, et la fraîcheur des lieux me donna la chair de poule, accentuant mon tremblement. La foule se resserrait autour de moi dans ce couloir seulement éclairé de quelques torches. Je voulais fuir de peur de finir écrasée, retourner me mettre à l’abri dans la maison de Philippus ; mais ce dernier me tenait fermement et m’obligeait à continuer.
Soudain, une grande clarté m’éblouit, et je puis respirer de nouveau plus librement. Je découvris sous mes yeux ébahis des milliers de spectateurs assis sur des gradins, autour d’une vaste arène sablonneuse. Philippus m’entraîna vers un banc de pierre au premier rang sur lequel notre servante posa des coussins pour nous, avant de s’asseoir à côté de moi. Je parcourus les lieux du regard, effarée car je n’avais jamais vu un tel endroit, et tant de gens rassemblés. Les gradins se remplissaient peu à peu, les spectateurs se saluaient, s’interpellaient de leurs places, riaient et criaient : une grande excitation régnait sur les lieux, qui semblait contagieuse. Il y avait là non seulement des hommes, mais aussi des femmes et des enfants. Beaucoup portaient leur plus belle tenue, prouvant l’importance de ce que nous allions voir. Des serviteurs déambulaient et distribuaient de la nourriture que les gens prenaient avec gratitude. Une telle ambiance contribua à me détendre un peu : c’était bien à un spectacle que Philippus m’avait emmenée, et j’allais passer un bon moment. Pourtant, au fond de moi, je n’arrivais pas à y croire complètement, et un sourd pressentiment continuait de m’étreindre.
Une grande clameur retentit dans l’arène, et je me tournai pour voir ce qui se passait : dans une loge au milieu des gradins, quelques hommes et femmes venaient d’apparaître, sans doute des hauts dignitaires. Ils saluèrent brièvement la foule, puis s’assirent.
La rumeur se fit plus basse, et je compris que le divertissement allait commencer. Mais au lieu de voir arriver des musiciens, des danseurs ou des acteurs, je découvris une troupe hétéroclite d’hommes bardés d’armes et de protections diverses. Un malaise s’empara de moi tandis que je redoutais ce qui allait suivre. A leur entrée, la foule s’agita et une rumeur remplit l’arène tandis que les guerriers allaient saluer jusqu’à la tribune. Je pris le bras de Philippus et l’interrogeai, tendue :
« Qui sont ces hommes ?
— Des gladiateurs. Ils vont combattre pour le plaisir du peuple. »
Ma gorge se noua et ma respiration se fit plus difficile : je ne voulais plus assister à des combats, j’en avais déjà trop vu ces dernières années, et le dernier auquel j’avais pris part malgré moi me réveillait encore toutes les nuits quand il envahissait mes cauchemars. J’aurais voulu me lever et partir en courant, m’enfuir loin d’ici pour ne pas voir ça, mais mes jambes me semblaient de plomb et je ne pouvais pas bouger ni détourner mon regard, fascinée malgré moi.
Sur le sable de la piste, les hommes s’éparpillèrent en petits groupes et commencèrent à combattre : tous n’avaient pas les mêmes armes, ni les mêmes protections. Je devinais qu’il y avait des règles, mais je n’avais pas envie d’en savoir plus, et je restai silencieuse, souhaitant que le temps s’accélère et que tout cela en finisse pour retrouver le calme de la maison de Philippus.
Tout autour de moi, la foule se passionnait pour les combats, des encouragements fusaient, j’entendais des noms dominer parfois la rumeur, et je compris que ces hommes, ces gladiateurs, étaient comme des idoles pour le public.
Très vite, les premières blessures arrivèrent, et le sang commença à rougir le sable ; à chaque coup, des cris, remplis d’une joie sauvage qui me terrorisait, retentissaient. Les spectateurs s’échauffaient, et moi je me sentais de plus en plus glacée, remplie d’une appréhension qui ne cessait de croître tandis que les images sous mes yeux se mêlaient à d’autres surgissant dans mon esprit. Ce n’était pas ce combattant au filet qui tombait à genou dans le sable, mais mon frère, quand la lame l’avait transpercé de part en part. Et l’homme qui venait de s’effondrer, un trident enfoncé dans sa poitrine, me rappelait notre druide quand le démon l’avait embroché de sa lance. Et cet autre encore…
Soudain, la foule s’excita encore plus, comme chauffée à blanc, toute son attention tournée vers un seul combat : un homme de haute taille, au visage masqué par la visière de son casque, se battait seul contre trois adversaires. Il avait arraché l’épée d’un de ses concurrents effondré sur le sol et en avait désormais une à chaque main. D’un geste puissant, il croisa les épées et décapita le gladiateur le plus proche, faisant gicler son sang… tout comme il avait décapité mon père un mois plus tôt, quand il avait attaqué mon village. Car le doute n’était à présent plus permis : le démon qui nous avait attaqués, qui avait tué tous les miens et qui m’avait laissée pour morte avant de disparaître, se tenait là sous mes yeux, au milieu de cette arène, en train de massacrer d’autres hommes sous les cris de joie de la foule. Je ne voyais pas son visage, mais je savais, je sentais au plus profond de mes tripes que c’était lui…
J’agrippai le bras de Philippus tellement fort que j’y enfonçai mes ongles, et je soufflai d’une voix haletante et paniquée, en me penchant vers lui, pour qu’il m’entende malgré le brouhaha de la foule :
« C’est lui… c’est le démon qui a détruit mon village ! Il faut faire quelque chose ! »
Il se pencha vers moi à son tour et me murmura à l’oreille :
« Je sais que c’est un démon, mais ici c’est impossible, je ne peux pas aller dans l’arène et le combattre, pas devant toute cette foule.
— Mais c’est un assassin ! Il faut le tuer !
— Ça devra attendre… je sais qui il est maintenant, sous quelle identité il se cache. Je le retrouverai bientôt et je rendrai justice, mais pour l’instant, je ne peux rien faire. »
J’étais anéantie : je voyais ce monstre, sous mes yeux, prendre d’autres vies, et personne ne s’interposait, au contraire, la foule l’encourageait à continuer, à tuer encore et encore. Mes oreilles bourdonnaient du flot de sang qui courait dans mes veines à toute allure, tant mon cœur battait à une vitesse folle, sous la panique. Le vacarme environnant, la chaleur du soleil qui nous assommait de ses rayons et la rage des spectateurs eurent raison de moi : je basculai dans un trou noir.

vendredi 13 septembre 2013

Tome 1 de la Septième Prophétie : et de 100

Bonjour à tous,

Voilà, le seuil de 100 ventes du tome 1 de La Septième Prophétie vient d'être atteint en moins de deux mois, merci à tous ceux qui l'ont acheté, en espérant que la lecture vous aura plu.

Pour fêter cela, il sera en promotion à 0,99 € ce week-end, samedi et dimanche, afin que ceux qui ne l'ont pas encore acheté puissent en profiter.

Et promis, j'avance sur le tome 2, pour l'instant 16 chapitres fini, le 17 en cours d'avancement, j'ai un peu modifié le plan, mais je suis sur les rails et j'ai retrouvé de l'inspiration, le travail continue.

Bon week-end à tous. 


dimanche 18 août 2013

Nouvelle : "Saint Valentin au musée"


Ce soir, pour changer un peu, voici une nouvelle que j'avais écrite en début d'année pour un concours lancé par mon forum d'écriture, dont le sujet était, comme le titre l'indique, la Saint Valentin.
Ou comment mêler mon amour de l'écriture avec ma passion des musées.

Bonne lecture.



Les visiteurs traversent les salles du musée, jetant un coup d’œil distrait aux œuvres, visiblement pressés de quitter les lieux car l’après-midi touche à sa fin et l’heure du dîner approche, ce fameux dîner qu’il ne faut rater sous aucun prétexte, celui de la Saint Valentin.
Et tandis que les gens passent devant moi sans me regarder, je soupire intérieurement : ah, s’ils savaient… s’ils savaient ce qui arrive ici quand le musée est fermé, quand toutes les salles sont plongées dans l’obscurité, quelle vie se met à régner ici. Car croyez-vous vraiment que les œuvres d’art ne sont que des objets inanimés ? Non, bien sûr que non, nous sommes toutes vivantes, aussi vivantes la nuit que nous sommes figées le jour, et nous profitons de chaque moment où nous sommes enfin libérées de notre carcan d’immobilité.
Et moi aussi, le jeune athlète grec piégé le jour dans ma gangue de marbre, je glisse avec bonheur de mon socle et je parcours les salles jusqu’au petit matin, juste avant l’aube, où je reprends ma place.
Mais ce soir, tout est différent, ce soir, moi aussi, comme les hommes et les femmes qui ont traversé ces salles aujourd’hui, je ne pense qu’à une chose, à cette fête de l’amour, à la Saint Valentin. Car depuis quelques semaines, elle est là et mon cœur de marbre ne bat que pour elle… elle, Sibylle, si belle, la dernière statue entrée au musée, qui me fait face du fond de l’enfilade des pièces à quelques dizaines de mètres de moi, et que j’admire de loin tous les jours. Evidemment, je ne suis pas le seul à l’avoir remarquée, bien d’autres prétendants sont déjà venus mettre leur cœur à ses pieds, lui déclarant leur flamme, et ce soir plus que d’autres, ils seront encore là, espérant enfin la conquérir. Mais l’espoir est dans mon cœur, car elle n’a dit oui à aucun d’eux, et j’ai toutes mes chances encore, car je sais où l’emmener pour la supplier de me choisir entre tous.
Enfin la nuit est tombée, à peine ai-je repris vie que je bondis de mon socle et fonce vers ma belle, que je vois s’étirer : ses longs cheveux tombent en cascade dans son dos tandis que les plis gracieux de sa robe ondulent au rythme de ses gestes. Je glisse sur le parquet ciré en voyant mes rivaux déjà s’approcher et, plus rapide qu’eux grâce à ma glissade, j’arrive à ses pieds le premier pour lui lancer de ma plus belle voix :
« O Sibylle, Belle des Belles, accordez-moi ce soir le privilège de vous divertir et de vous emmener découvrir un bel endroit de ce musée. »
Etonnée, la belle baisse les yeux vers moi et me détaille : je suis un jeune homme de belle prestance, seulement habillé d’une toge courte drapée sur une épaule et autour de ses hanches – heureusement que mon créateur ne m’a pas fait nu, j’aurais eu honte de me présenter devant elle complètement dévêtu. Mon allure a l’air de lui plaire et ma proposition aussi, car elle consent à me sourire et me demande :
« Et où souhaitez-vous me conduire, bel inconnu ? »
Je m’incline profondément et lui réponds :
« Je m’appelle Nikolaos, pour vous servir, et je souhaite vous emmener dans un lieu enchanteur dont j’aimerais vous faire la surprise. »
Elle penche la tête et me regarde d’un air curieux, se demandant si elle acceptera de suivre celui qui a eu l’audace de l’apostropher ainsi. Autour de nous, un cercle s’est formé, celui de ses prétendants des premiers jours, qui fustigent ma hardiesse et protestent en promettant à la belle Sibylle monts et merveilles. Mais leurs protestations ont pour seul effet de la décider à accepter mon offre et, d’un geste gracieux, elle me tend la main pour m’inviter à l’aider à descendre de son piédestal. Je m’en empare aussitôt avec délicatesse, y déposant un baiser, avant de tendre mes bras pour l’accueillir tandis qu’elle se laisse tomber avec légèreté vers moi. Je la fais brièvement tournoyer, avant de la poser à terre et de lui présenter galamment mon bras : j’ai beau venir de l’Antiquité, j’ai eu bien des siècles pour observer les manières des hommes du beau monde, et je sais me comporter aussi bien qu’eux.
Nous nous avançons vers la sortie de la salle et mes rivaux n’ont d’autre choix que de s’écarter pour nous laisser passer, nous faisant une haie d’honneur quand ils auraient bien voulu tous me pousser pour prendre ma place. Ils nous suivent des yeux, jaloux, tandis qu’autour de nous, dans leurs tableaux ou sur leurs socles, les femmes et les jeunes filles rient de les voir ainsi humiliés par moi, prenant leur revanche : depuis l’arrivée de Sibylle, tous n’avaient d’yeux que pour elle et les avaient abandonnées. En cette nuit de Saint Valentin, elles tiennent leur revanche, car aucune n’est disposée à répondre aux avances que leur font  désormais les amoureux éconduits, et je me dis qu’il leur faudra du temps pour reconquérir le cœur de leurs anciennes maîtresses.
Mais je n’en ai cure, ce soir, je suis l’homme le plus heureux du musée et j’entraîne ma belle vers un endroit enchanteur, parfait pour une soirée de Saint Valentin, le jardin d’hiver. Je bénis l’architecte qui a créé cette petite merveille, cette véranda à la coupole de vitraux colorés qui, sous la lumière de la pleine lune, éclaire de mille couleurs les plantes qui y poussent à foison. Le spectacle est de toute beauté et Sibylle ouvre des yeux ronds en le découvrant, poussant un petit cri de joie ; elle lâche mon bras et s’avance dans la pièce, avant de tournoyer au milieu, les bras tendus. Sa robe s’illumine de taches de couleurs tandis qu’elle virevolte autour d’elle : ma belle est heureuse, elle savoure la beauté de ce lieu et la liberté retrouvée, prisonnière comme moi toute la journée d’une gangue de pierre. Mais à trop tournoyer, elle vacille et manque de tomber. Heureusement, je suis là et je me précipite vers elle, pour la retenir avant qu’elle ne tombe, la retenant de mes bras protecteurs. Elle rit et me sourit, tandis que je l’entraîne vers un banc de marbre perdu au milieu de la végétation, pour qu’elle puisse s’y reposer et reprendre son souffle. Elle me regarde tendrement et je vois qu’elle apprécie l’endroit, mais aussi ma présence. Nous pourrions parler, mais ce n’est pas nécessaire : nous sommes là, tous les deux, dans un endroit enchanteur, et c’est la Saint Valentin… que demander de plus ? Mes lèvres se penchent doucement vers les siennes, loin de me repousser, elle pose sa main sur ma nuque et m’attire à elle, pour que nous partagions notre premier baiser, qui ne sera sans doute pas le dernier… Après tout, nous revenons à la vie toutes les nuits, et il y aura donc bien d’autres nuits à passer ici…




dimanche 11 août 2013

Ecriture et corrections


Tous les auteurs vous le diront, avec la page blanche, leur pire ennemi est la procrastination, et rien n’incite plus à procrastiner que d’être chez soi, où il y aura toujours d’autres choses à faire ou des distractions bien tentantes (les accros à Internet me comprendront !).

Donc, ma méthode la plus efficace pour être sûre de ne pas céder à la tentation de faire autre chose que d’écrire ou corriger mon texte, c’est d’aller travailler dans un endroit où je serai obligée de m’y mettre, puisqu’il n’y aura ni Internet, ni télévision ou quoi que ce soit d’autre pour me distraire !
Et pour ça, j’ai quelques endroits de prédilection où je sais que je serai tranquille pour avancer sur mes textes, une salle de bibliothèque ou les cafés de mes musées préférés, où je peux en même temps boire un verre ou savourer une douceur (il faut bien du carburant pour écrire, l’inspiration ne suffit pas).

Et si vous vous demandez à quoi peut ressembler le brouillon d’un écrivain qui retravaille des chapitres déjà écrits (j’avais avancé environ les deux tiers du tome 2 avant de publier le tome 1 de « La Septième Prophétie », maintenant je suis en train de les réécrire pour coller aux dernières modifications apportées au tome 1), en voilà un exemple (vous constaterez que le rouge est ma couleur préférée) :




Comme quoi un texte n’est jamais figé, à chaque fois que je repasse sur une page, j’ai envie d’y apporter des modifications (là j’avoue, sur cette page-là, j’ai fait assez fort quand même…)
Et encore, je pense que quand j’y repasserai à ma prochaine relecture, elle aura droit à de nouvelles corrections !

Résultat final dans quelques mois !

Sous les remparts




Une fois de plus, Rhodes m'a servi de source d'inspiration pour un autre décor du roman, le souterrain où Heta rencontre ses compagnons d'esclavage pour discuter loin des oreilles indiscrètes.

J'ai découvert ces tunnels en me promenant dans les fossés qui entourent la vieille ville de Rhodes, qui m'ont semblé très adaptés à Ranxora. 
Pour passer des fossés à la ville, on traverse ces tunnels creusés au pied des remparts, la plupart du temps peu éclairés, une sensation parfois étrange et excitante, qui m'a semblé très adaptée pour mes personnages.

La physionomie de Ranxora a d'ailleurs changé au cours de ce voyage, les fossés intérieurs ont été rajoutés à ce moment-là, quand ceux de Rhodes m'ont donné le bon exemple d'une ville fortifiée pour résister à l'envahisseur.

D'autres photos des fossés prochainement.


Quelques photos des tunnels prises au cours de mes promenades là-bas :












L’extrait où Heta découvre leur existence :

Cette nuit-là, Heta s’allongea sur sa couche, feignant de dormir, fermement décidée à saisir sa chance, et guetta la direction où ils avaient disparu la veille. Bientôt, le même manège recommença et elle les vit s’évanouir hors de sa vue. Le cœur battant, elle se leva à toute vitesse, sans faire de bruit, et traversa le baraquement aussi discrètement que possible jusqu’à l’endroit où ils avaient disparu. Elle toucha doucement le mur et découvrit qu’un morceau de tissu le recouvrait ; elle le souleva et mit à jour une petite ouverture, suffisamment large pour qu’elle puisse y passer. Sans réfléchir, elle s’y engouffra et se retrouva dans un étroit passage entre la muraille et le baraquement. Elle aperçut à la lumière voilée de la Déesse Lune les deux silhouettes longer les remparts, avant de disparaître soudain à gauche, comme par magie. Heta attendit quelques secondes, le pouls battant à toute vitesse, se demandant ce qu’elle devait faire. Juste après, surmontant son hésitation, elle se lança à leur poursuite. Elle jeta un regard craintif vers le haut des remparts, où patrouillaient quelques sentinelles isolées. Elle s’aplatit contre le mur et s’efforça d’avancer rapidement sans se faire voir, en tâtonnant le long de la muraille pour trouver l’endroit où les deux hommes avaient disparu. Soudain, sa main ne rencontra que du vide et Heta s’y glissa, découvrant un tunnel qui s’enfonçait sous les remparts ; elle se demanda où il menait car l’obscurité y régnait. Elle avait à peine fait quelques pas qu’elle se retrouva violemment agrippée, tandis qu’une main lui bâillonnait la bouche et qu’on l’entraînait plus profondément dans le passage. Un instant tentée de résister, elle pensa qu’il valait mieux se montrer docile le temps de pouvoir s’expliquer. Au bout de quelques mètres, Heta se retrouva assise de force sur le sol, appuyée contre la muraille ; celui qui l’avait amenée là gardait sa main sur sa bouche, pour l’empêcher de crier. Elle sentit un souffle chaud dans son cou qui lui donna la chair de poule, avant qu’une voix masculine grondante, dans laquelle pointait une menace, murmure à son oreille :
« Je vais retirer ma main. Si tu essaies de crier, ce sera la dernière chose que tu feras avant de mourir. Tu m’as compris ? »

dimanche 4 août 2013

Le Temple de la Déesse Lune



Voici un autre lieu visité à Rhodes qui m’a inspiré un des décors de la Septième Prophétie, le Temple de la Déesse Lune.
Il s’agit du monastère de Filerimos, construit en haut d’une colline, avec une très belle vue sur les environs.

J’ai d’ailleurs écrit la scène où Orlanne s’y repose et l’observe sur le site, assise à l’ombre au pied d’un escalier pendant une heure.

Quelques photos de Filerimos pour vous montrer le modèle :








Et l’extrait où on le découvre au travers du regard d’Orlanne :

Le soir n’était pas encore tombé et Orlanne n’avait pas envie de s’enfermer dans l’auberge tout de suite. Elle s’assit sur un banc dans un coin de la cour et observa les lieux autour d’elle, ce qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de faire. Elle songea qu’à première vue, l’endroit ressemblait plus à une forteresse qu’à un temple. De chaque côté de la grande porte d’entrée, deux tours carrées portant le blason de la Déesse se dressaient. Au sommet, des arcades ouvertes, surmontées d’un dôme de tuiles rouges, permettaient de guetter les alentours. La surveillance était assurée par les Vigilantes, d’anciennes novices qui avaient renoncé à devenir prêtresses, mais restaient au Temple pour en être les gardiennes. De chaque tour partait un rempart qui encerclait toute la cour et rejoignait deux autres tours carrées. Celles-ci encadraient un pont de bois fortifié qui enjambait un fossé et menait à la seconde partie du Temple, réservée aux prêtresses : des murailles de pierre blanche cachaient ses bâtiments où la plupart des pèlerins ne pénétraient jamais. Une lourde porte de bois recouverte de plaques d’argent en gardait l’accès. Des Vigilantes, postées à chaque extrémité du pont, en filtraient l’entrée : seules les prêtresses et quelques novices obtenaient l’autorisation de traverser et d’emprunter la petite porte latérale qui permettait d’y pénétrer. Orlanne songea qu’elle ne verrait probablement jamais ce qui se cachait derrière ces murailles. Elle reporta son attention sur la cour où elle se trouvait. Quelques arbres, ici et là, donnaient un peu d’ombre quand le soleil était au zénith, et des bancs circulaires autour de leur tronc accueillaient ceux qui voulaient en profiter. Tout autour de la place, les bâtiments à un étage étaient édifiés sur le même plan. Au rez-de-chaussée, des arcades surmontées d’un auvent de tuiles rouges donnaient sur le couloir d’accès aux différents édifices. À l’étage, un peu en retrait, se trouvait une seconde série d’arcades qui menaient à d’autres pièces. Tous les bâtiments n’avaient pas la même fonction : il y avait l’hospice où elle avait passé la nuit, deux temples, mais aussi des ateliers et même une forge, car tout ce que portaient les prêtresses et les Vigilantes, des vêtements aux armes, était fabriqué ici. Un entrepôt abritait les réserves. Enfin, près de l’accès à la partie interdite, se dressait un bâtiment plus imposant, de forme rectangulaire, avec deux arcades au rez-de-chaussée. Un escalier extérieur menait à un palier couvert. Quelques fenêtres entourées de frises sculptées et ornées de vitraux blancs et argent perçaient ses murs. Sur l’auvent, une structure crénelée abritait une cloche entourée d’oriflammes aux couleurs de la Déesse, blanc et argent. Orlanne supposa que cet édifice abritait l’administration des lieux.
La jeune femme se levait pour rentrer quand elle remarqua un passage entre deux bâtiments. Curieuse, elle y dirigea ses pas et franchit une grille ouvragée qui était ouverte, découvrant un cloître adossé à la muraille. Au centre de l’espace pavé de galets qui formaient une mosaïque, une petite fontaine permettait de se rafraîchir. Dans les quatre angles de la cour, des arbustes aux fleurs violettes grimpaient de gros pots de terre cuite et enlaçaient les piliers de leurs branches. Des bancs disposés le long des murets invitaient les visiteurs à profiter du calme. Orlanne n’y résista pas et s’assit sur l’un d’eux, s’appuyant contre la colonne derrière elle. L’endroit était désert et rien ne venait en troubler la paix. La jeune femme, qui avait l’habitude au manoir d’être toujours occupée, de passer ses journées à s’entraîner, chasser ou chevaucher aux alentours avec Alban, se surprit à apprécier ce moment de sérénité. Elle ferma les yeux en respirant profondément : le parfum des fleurs se mêlait à celui de l’encens qui brûlait dans le temple voisin, et ces odeurs renforçaient l’impression de plénitude qu’elle ressentait. Elle resta ainsi un long moment, regrettant de ne pouvoir partager avec Alban ce lieu si enchanteur. Elle se promit de le lui décrire à son retour, pour lui faire partager son voyage.

jeudi 1 août 2013

Visite chez Orlanne


Lors de mon séjour à Rhodes l'année dernière, la visite de l'Hospice Sainte Catherine m'a directement inspiré la décoration du manoir d'Ornan de Flavy, et j'ai eu l'impression de me promener à l'intérieur de mon roman... 
Je m'attendais presque à voir Orlanne et Alban passer l'une des portes pour venir m'accueillir !

Quelques photos pour vous mettre dans l'ambiance :







 




Et pour terminer, un extrait du chapitre où apparaît l'endroit :

 

La douleur et la peur… Ces deux sensations firent ouvrir les yeux à Orlanne, qui se demanda où elle se trouvait. Elle était allongée par terre et avait mal à la tête ; elle toucha son front mouillé et le frotta légèrement, grimaçant quand ses doigts rencontrèrent la plaie d’où s’écoulait un liquide poisseux. La jeune femme baissa sa main et réalisa avec horreur qu’elle était couverte de sang. Elle parcourut l’endroit du regard, tandis que la panique s’emparait d’elle et accélérait les battements de son cœur. Elle reconnut la grande salle pavée de mosaïques, aux fenêtres basses encadrées de bancs de pierre : elle était chez elle, dans la maison d’Ornan. Elle examina les environs en s’asseyant maladroitement, s’efforçant de ne pas aggraver sa blessure, et remarqua de longues traces rouges sur le sol, tandis que des cris parvenaient à ses oreilles bourdonnantes. Orlanne arracha son écharpe et en fit une compresse pour arrêter le saignement. Elle se releva en titubant, suivant les traînées de sang jusqu’à sa chambre, et poussa un cri en arrivant sur le seuil : le baldaquin de son lit avait été arraché et s’était effondré sur les carreaux de faïence du sol. Empêtré au milieu du tissu, lardé de coups, le corps sans vie de leur intendante fixait le plafond de ses yeux vitreux, tandis qu’une mare de sang s’étalait autour d’elle. Orlanne s’appuya contre le chambranle de la porte et se mit à trembler violemment. Laissant tomber au sol son pansement improvisé, elle pressa ses deux mains sur son visage ensanglanté en étouffant un sanglot. Elle pensa alors à son père et à son fiancé, trouvant dans son désespoir croissant l’énergie nécessaire pour partir à leur recherche. La jeune femme traversa la grande salle d’un pas inégal, s’appuyant contre les murs pour ne pas tomber, en laissant l’empreinte écarlate de ses paumes sur la pierre blanche. Elle parvint aux arcades du palier du premier étage et descendit l’escalier qui menait à la cour intérieure en s’accrochant à la rambarde. Le bruit augmentait au fur et à mesure qu’elle avançait, couvrant le bourdonnement de ses oreilles : Orlanne entendait des cris qui se mêlaient au fracas des armes. Elle sentit l’odeur du sang tandis qu’elle découvrait, écœurée, les cadavres qui jonchaient l’entrée de la cour. La jeune femme descendait les dernières marches quand une explosion retentit derrière elle : elle dégringola au bas de l’escalier, projetée par la violence d’un souffle brûlant, et son visage heurta brutalement le sol tandis que son corps s’embrasait. Le choc lui fit perdre connaissance et elle sombra dans les ténèbres.
 

mardi 30 juillet 2013

Petit sondage

Ce soir, une petite question pour mes lecteurs : parmi les personnages de La Septième Prophétie, quels sont vos préférés ? (et accessoirement, pourquoi ?)

Personnellement, j'ai mes "chouchous", et je suis curieuse de savoir si les lecteurs ont les mêmes ou non.

A vos claviers ;)

lundi 29 juillet 2013

Merci à Martine FA pour la magnifique couverture qu'elle m'a réalisée, qui résume en une image l'essence du roman, ainsi que pour son article sur son blog :

http://www.martinefa.com/

Je vous invite vivement à aller y découvrir son travail.

vendredi 26 juillet 2013

La Septième Prophétie - Tome 1 - Trois êtres d'exception


Couverture originale de Martine FA


Quatrième de couverture :


Sept prophéties ont été énoncées : six se sont réalisées et la septième, la plus obscure, prend tout son sens quand une bande d’esclaves révoltés ressurgit du désert où tout le monde les croyait morts depuis cinq ans. Sous le nom de Saigneurs des Ténèbres, Ranxor et ses hommes sèment la mort et la terreur dans toutes les provinces du continent d’Ipiros, et rien ni personne ne semble pouvoir les arrêter.
Malgré la peur, ici et là, quelques personnes décident d’agir à leur façon, Aldébaran, le Commandeur d’une des plus grandes provinces, Orlanne, une jeune noble, et l’Égale, une mystérieuse jeune femme accompagnée de quelques amis. Sur les routes ou par les fleuves, tous convergent vers le même but, retrouver Ranxor et le tuer.
Au cœur même de Ranxora, la cité des Saigneurs des Ténèbres, Gwenda, Martus et Heta, prisonniers, tentent de garder espoir et de trouver le moyen de se libérer enfin du joug de leurs ennemis.
Ranxor a entendu parler de l’Égale, qui prêche ouvertement la révolte contre lui et ses hommes. Curieux de découvrir qui elle est, il ordonne de la capturer, alors que Venin, sa sœur, essaie de le convaincre de la nécessité de la tuer.
Qui ressortira vainqueur des affrontements qui s’annoncent ? 


Extrait : 


Le tumulte enflait à l’extérieur de la grande salle et le Commandeur comprit qu’une partie des Saigneurs des Ténèbres avait réussi à forcer le barrage des soldats pour arriver jusqu’à eux. Ses hommes étaient pourtant nombreux et bien entraînés, il ne comprenait pas comment leurs ennemis avaient pu les vaincre si vite. Il se félicita d’avoir gardé son épée avec lui et la tira de son fourreau pour montrer à tous qu’il n’avait pas peur du danger. Lycos prit Laurana dans ses bras et lui donna un rapide baiser, puis l’envoya aider leurs mères à rassembler les plus faibles pour les aider à fuir. Le jeune homme rejoignit son père en courant :
« Que devons-nous faire ?
— Tu vas emmener les femmes dans le souterrain et les protéger.
— Non, je veux me battre avec vous !
— Tu sais bien qu’elles ne pourront pas se défendre seules. Vas-y et ne discute pas, c’est un ordre ! »
Lycos se détourna à regret et rejoignit le petit groupe qui se constituait près d’une fenêtre à l’opposé de l’entrée, pour fuir par le passage secret qui partait de la salle. Au même moment, la porte vola en éclats, projetant au sol les serviteurs qui essayaient de la retenir, et l’enfer se déchaîna. Une vingtaine de soldats vêtus d’armures rouges et noires dégoulinantes de sang, leur épée rougie à la main, surgirent en hurlant et taillèrent en pièces tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin. Les gardes attaquèrent aussitôt, mais leurs armes semblaient rebondir sur l’acier, sans parvenir à l’entamer. Très vite, le combat se révéla inégal et tourna au massacre pour les défenseurs du château. Leurs assaillants s’éparpillèrent dans la salle, livrant passage à deux des leurs. Le premier, de haute taille, portait une armure travaillée au plastron orné d’un dragon menaçant à la gueule grande ouverte, et un heaume surmonté d’une longue queue de loup teintée de sang qui retombait dans son dos. Il tenait à la main droite une épée de taille impressionnante, dont la garde reproduisait le motif de son plastron. L’armure de l’homme qui le suivait était moins décorée, mais dénotait tout de même un rang plus élevé que simple soldat. Un frisson glacé s’empara de tous les convives quand ils comprirent qu’il s’agissait de Ranxor lui-même, le maître des Saigneurs des Ténèbres, et d’un de ses lieutenants. Arondas ne s’y trompa pas : il se précipita aussitôt vers lui pour l’affronter, tandis qu’Aros se lançait dans un combat avec le second homme. Le Commandeur frappa Ranxor en cherchant à atteindre son cou. Ce dernier para aussitôt l’attaque de sa lame trempée de sang, en bloquant l’arme, et laissa éclater un rire mauvais qui résonna de façon métallique derrière la visière abaissée :
« Pauvre fou, espères-tu vraiment pouvoir me vaincre ? Ne sais-tu pas que Vulcor et Aguerra m’ont rendu invincible, ainsi que tous mes soldats ?
— Balivernes, tu n’es qu’un homme et tes dieux démoniaques ne peuvent rien contre la puissance des nôtres !
— Tes dieux seront bientôt réduits en poussière, tout comme ce château et ses habitants d’ici un instant ! »
Dégageant son épée d’un geste si rapide qu’Arondas en perdit l’équilibre, Ranxor en enfonça la lame dans son ventre, le transperçant de part en part. Le Commandeur poussa un cri étranglé ; il aperçut Aros tomber à terre, mortellement touché par son ennemi. Sous la douleur, Arondas lâcha son arme. Ranxor la rattrapa de la main gauche avant qu’elle ne touche le sol et la planta dans la poitrine de son adversaire, lui arrachant un nouveau râle. Il retira en même temps les deux lames et le sang se mit à couler à flots, giclant sur son armure qui sembla s’en gorger. Alors que le Commandeur tombait à genoux et essayait d’arrêter l’hémorragie en pressant ses blessures de façon convulsive, son adversaire croisa les deux épées sur sa gorge et, d’un coup puissant, le décapita net. Le combat était terminé, la croisade d’Arondas de Seliny achevée avant même d’avoir commencé.